Papier de travail de 1981


1. Raison d'être et objectifs de l'enseignement de la philosophie

  1. L'enseignement de la philosophie doit viser l'acte même de philosopher et, ce, d'une manière systématique.
  2. La philosophie nous amène à prendre en considération les ques­tions fondamentales liées à la condition humaine. Procédant d'une manière interrogative et critique, elle est une réflexion dialogique sur les problèmes fondamentaux qui touchent aussi bien aux sciences, à l'art, aux croyances qu'à la praxis.
  3. En tant que savoir réflexif usant de méthodes comparables à celles des sciences elle peut faire l'objet d'un enseignement à prendre au sérieux, et se distingue de ce fait de simples sentiments et opinions réfléchissant le vécu d'une manière non critique et systématique.
  4. La philosophie a un objet propre que n'a pas épuisé le déve­loppement des sciences expérimentales et humaines. Elle peut donc revendiquer une légitime autonomie. A l'inverse, elle ne s'identifie pas non plus avec une synthèse de l'ensemble du savoir humain ou avec un savoir absolu qui serait de l'ordre de la croyance.
  5. Si l'enseignement de la philosophie est essentiel, il ne faut pas demander à ce type d'enseignement de remplir des tâches qui ne lui conviennent pas.

Questions

  1. Etes-vous d'accord avec ces thèses explicitant la raison d' être et les objectifs de l'enseignement de la philosophie ?
  2. Estimez-vous qu'il y manque certains aspects essentiels ?
  3. Quelles sont les thèses que vous aimeriez amender ?

2. L'enseignement de la philosophie en rapport aux objectifs de l'école préparant à la maturité

"L'école (préparant à la maturité) doit former des personnali­tés cultivées, aptes à travailler en commun, et en faire des membres de la société conscients de leur responsabilité d'hom­mes et de citoyens." (ORM, art 7 al. 4)

 

  1. Pour atteindre cet objectif, il convient de faire à la philo­sophie la place qui lui revient dans les études conduisant au certificat de maturité.
  2. L'étude obligatoire des 8 disciplines traditionnelles (langue maternelle, 2e langue nationale, mathématiques, histoire, sciences naturelles, géographie, physique et chimie) n'est pas la seule et légitime voie garantissant "de solides connaissan­ces fondamentales et un jugement indépendant" (ORM, art 7 al. 1 et Rapport "La réduction des types et des disciplines de matu­rité, p. 127)
  3. L'indépendance de jugement ne saurait être mieux garantie que par un travail de réflexion critique et dialogique. L'aptitude à travailler en commun et la prise de conscience de ses res­ponsabilités sociales seront stimulées par une discipline qui complète d'autres branches dites "fondamentales". Cela"en rai­son de la place particulière occupée par la philosophie dans l'ensemble des sciences et de son rôle redécouvert récemment en bien des endroits en tant qui guide et inspiration de l'a­gir". (Prise de position de la SSP à propos du rapport "La ré­duction des types et des disciplines de maturité", in : SPES Communications 31.12.80)
  4. Livré à lui-même et sans l'aide d'une réflexion philosophique sérieuse l'élève est aussi désemparé pour atteindre les objec­tifs d'une maturité qu'il le serait devant des théories scien­tifiques sans n'avoir jamais pratiqué une science.

Questions

  1. Etes-vous d'accord avec ces thèses explicitant la raison d' être et les objectifs de l'enseignement de la philosophie ?
  2. Estimez-vous qu'il y manque certains aspects essentiels ?
  3. Quelles sont les thèses que vous aimeriez amender ?

3. L'enseignement de la philosophie en rapport aux autres branches

  1. La philosophie à l'égal des autres branches de l'enseignement est aussi un apprentissage de la pensée qui se fait par l'é­coute, la lecture, l'observation etc. Mais, dans la mesure où elle a une raison d'être spécifique, elle n'est pas que cela.
  2. Sans critique de la connaissance, théorie des sciences, lo­gique formelle et apprentissage et critique des méthodes (ana­lytique, phénoménologique, herméneutique etc.) on ne peut faire de la philosophie une branche de l'enseignement, car il lui manquerait la rigueur scientifique.
  3. Sans un travail sur les grands textes de la philosophie, il n'est point possible d'entrer dans la problématique philoso­phique puisque la philosophie consiste aussi à réfléchir sa propre historicité. Mais cette étude des textes ne peut se li­miter à la connaissance exacte de ce qui est écrit; elle est le point de départ d'une réflexion personnelle qui consiste toujours à penser à partir d'autrui.
  4. La réflexion sur le quotidien ou le savoir scientifique, l'étude des textes n'ont de sens qu'articulées à la praxis dans la mesure où le philosopher débouche nécessairement sur l'agir.
  5. Les thèses précédentes montrent à l'évidence que la philoso­phie ne peut faire abstraction des autres savoirs et des évè­nements de la vie quotidienne. L'enseignement de la philoso­phie au niveau secondaire doit donc s'articuler aux autres branches de l'enseignement et à ce qui fait la vie des étu­diants en dehors de l'école, alors même qu'il convient d'af­firmer son autonomie parce qu'elle n'est pas réductible aux autres branches du savoir.

Questions

  1. Etes-vous d'accord avec ces thèses montrant les liens qui existent entre l'enseignement de la philosophie et celui des autres branches ?
  2. Estimez-vous qu'il y manque certains aspects essentiels ?
  3. Quelles sont les thèses que vous désireriez amender ?
  4. Peut-on à partir de ces thèses esquisser un programme cadre de l'enseignement de la philosophie ?

4. Les conditions pratiques rendant crédible l'enseignement de la philosophie

  1. L'enseignement de la philosophie ne pourra être pris au sé­rieux que s'il s'agit d'un enseignement autonome.
  2. Sans un enseignement suivi et qui, comme cela se pratique pour les autres branches de l'enseignement, se poursuit pendant plusieurs années, les objectifs de l'enseignement de la philo­sophie ne pourront être atteints.
  3. Sans des maîtres s'étant préparés à l'enseignement de la phi­losophie par des études spécialisées, les mêmes objectifs ne peuvent être atteints.
  4. Cela présuppose dans notre système actuel :
    1. qu'il convient de doter l'enseignement de la philosophie d'un nombre d'heures minimales obligatoires, sur une période d'au moins deux ans afin de satisfaire aux exigences d'un examen de maturité fédérale;
    2. qu'il est vivement recommandé de compléter un enseignement de base par un système d'option permettant aux élèves qui le désirent d'approfondir leurs connaissances philosophiques;
    3. qu'il faut engager des maîtres ayant terminé leurs études de philosophie et suffisamment libérés des autres tâches d'en­seignants pour pouvoir faire de l'enseignement de la philo­sophie leur tâche principale; qu'il est, par exemple, pré­judiciable à l'enseignement de la philosophie de confier à un maître cet enseignement dans le seul but de compléter son horaire;
    4. qu'il convient de déterminer un programme d'enseignement sérieux qui préserve cependant l'autonomie du professeur.

Questions

  1. Etes-vous d'accord avec ces thèses précisant quelles sont les conditions nécessaires à un enseignement de la philosophie au niveau secondaire ?
  2. Estimez-vous qu'il y manque certaines conditions essentielles ?
  3. Y a-t-il des thèses que vous voudriez modifier ?